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Stratégie d’entreprise : un discours encore trop flou pour les investisseurs
Selon une étude récente menée par EY-Parthenon, la majorité des entreprises du CAC Large 60 (hors secteur financier) exposent désormais leur mission et leur plan de développement, mais la lisibilité du lien entre stratégie et performance future demeure limitée.
L’analyse porte sur les Documents d’Enregistrement Universel (DEU) 2024 de cinquante sociétés françaises.
L’objectif : déterminer si les investisseurs disposent d’informations suffisantes pour comprendre la vision de l’entreprise, la mise en œuvre de sa stratégie et son impact sur les résultats financiers comme extra-financiers.
Une mission mieux définie, mais des indicateurs encore trop rares
Près de 60 % des entreprises étudiées formalisent une raison d’être ou une mission élargie, dépassant la seule création de valeur actionnariale.
Une seule société du panel bénéficie toutefois du statut d’entreprise à mission, ce qui souligne l’écart entre l’intention et l’engagement juridique.
Toutes les sociétés analysées communiquent sur leur stratégie, mais la clarté de présentation reste à améliorer : la note moyenne attribuée par les analystes s’élève à 2,9/4.
Six entreprises sur dix publient un plan stratégique nommé et daté, généralement sur un horizon de trois à cinq ans, mais 56 % d’entre elles n’accompagnent pas ces orientations d’engagements chiffrés précis, notamment en matière d’impact financier ou de suivi pluriannuel.
Gouvernance et exécution : des marges de progression visibles
L’étude souligne également des disparités importantes dans la gouvernance et la mise en œuvre des plans.
Près de 50 % des entreprises adoptent un modèle de gouvernance dualiste (conseil d’administration avec président non exécutif, ou conseil de surveillance et directoire).
Si les Documents d’Enregistrement Universel détaillent bien la structure actionnariale et la composition des conseils, les informations relatives à la stratégie d’investissement des actionnaires institutionnels demeurent limitées.
Du côté des instances dirigeantes, 94 % des sociétés décrivent les compétences de leurs administrateurs, mais seules 38 % établissent un lien clair entre ces compétences et les enjeux stratégiques de l’entreprise.
L’alignement entre la stratégie et le profil des administrateurs obtient une note moyenne de 2,84/4, tandis que la répartition des responsabilités exécutives dans la mise en œuvre du plan n’est expliquée que par 28 % des sociétés.
Restaurer la confiance par la cohérence
Les auteurs de l’étude soulignent que la cohérence entre gouvernance, management et stratégie reste le levier central de la confiance des investisseurs.
Pour renforcer cette transparence, les entreprises gagneraient à :
accorder plus d’importance à la pédagogie stratégique dans leurs publications annuelles ;
assurer un suivi pluriannuel des indicateurs clés ;
expliciter davantage la répartition des responsabilités au sein du comité exécutif et du conseil.
L’enjeu est de taille : convaincre les marchés que la stratégie affichée n’est pas un simple discours, mais un véritable moteur de création de valeur durable.
Source : EY-Parthenon, étude “Lisibilité de la stratégie et impact sur les résultats futurs”, octobre 2025.